Grande Guerre : la Patrie et les Profits
À l’approche d’un 11 novembre marquant le centenaire de la fin de la Grande Guerre, la Médiathèque du Bassin d’Aurillac boucle son « Cycle 14-18 : La Guerre, autres regards » en proposant quelques éclairages spécifiques sur le premier conflit mondial.
C'est un lieu commun de dire de la Grande Guerre qu'elle est une guerre industrielle, une guerre de matériel. Cette façon d'aborder le premier conflit mondial met en avant les disproportions de la guerre des tranchées, soit l'impuissance des combattants en face de dispositifs de destruction inédits et inouïs, causes de tant de corps volatilisés, hachés ou asphyxiés.
En amont du champ de bataille, toutefois, une autre question se pose, celle de la fabrication des moyens de ladite guerre industrielle. Là, des enjeux lourds et spécifiques existent aussi, car les sociétés en guerre ne sont pas seulement des nations en lutte. Pour tout dire, avant d'être tirés et d'exploser, les obus sont conçus dans des usines ayant la particularité décisive de fonctionner en régime capitaliste, donc visant à la création de profits. De fait, si cela s'avère efficace, cela n'a rien à faire avec la norme sociale et morale d'alors, le sacrifice idéaliste pour la Patrie. Les modalités de fabrication des moyens de combattre (de la boîte de conserve au fusil) se révèlent ainsi incohérentes par rapport au tréfonds égalitaire du discours mobilisateur républicain.
Le devoir de citoyen est en effet rempli par les soldats qui versent l'impôt du sang ou les femmes mobilisées dans les usines, mais qu'en est-t-il des chefs d'entreprise et actionnaires ? Profiteurs de guerre, ou fabricants au service de la défense nationale ?
C'est à toutes ces questions et problématiques que François Bouloc, docteur en histoire contemporaine, tentera d'apporter des précisions lors de la conférence organisée jeudi 25 octobre à 18h30 à la Médiathèque.