Lectures & Rencontre avec Christian Prigent
Mardi 4 avril, à partir de 18h30, la Médiathèque du Bassin d'Aurillac reçoit le poète, romancier, essayiste, créateur de revues littéraires Christian Prigent, dont les écrits marquent et bousculent considérablement, depuis la fin des années soixante, la littérature de langue française.
Chargés d'une énergie carnavalesque, portés par un travail rythmique aussi déroutant que précis, les livres de Christian Prigent ne cessent de saper les lieux communs de la pensée. Ses lectures publiques (parfois données à deux voix, en compagnie de la comédienne Vanda Benes, comme ce sera le cas à la Médiathèque) sont la parfaite réalisation sonore de son projet d'écriture. A voix haute, Prigent révèle le langage comme matière première : « pas de possibilité d'écriture, ni de volupté, ni de souffle, si pas d'abord sensation que le langage est un matériau : on est immergé, étouffé par, séduit, caressé par » .
Outillage verbal et littérature...
Satirique observateur de nos jours, de la cruauté et de la bouffonnerie qu'ils contiennent, Prigent écrit sur le fil de la contradiction majeure : « l'outillage verbal » dont nous disposons pour dire le monde, pour communiquer... est inadéquat. Et la littérature, quand elle n'est pas « fable distrayante » , « sociologie romancée » ou « suppléments poétiques à la rudesse des vies », constitue une épreuve face au trou béant du réel. Prigent relève le défi avec truculence et sagacité.
Son œuvre est de celles qui ont compté dès leurs débuts, dès la période des avant-garde artistiques, littéraires et politiques des années 60. Et cette œuvre, forte de plus de quarante livres, continue de compter, par delà les décennies.
Dans « Le Monde », Patrick Kechichian accueille ainsi la parution de Grand-mère Quequette, en 2003 : « Livre époustouflant et jubilatoire, il a cette vertu première de bousculer nos habitudes de lecture, de ne rien laisser en place des conventions narratives en usage et de la langue ordinaire qui sert à les exprimer. »
A propos de ce même livre, Jean-Didier Wagneur, dans « Libération » : « L'histoire est souvent aussi bouffonne que son titre, hénaurme dans la lignée de ceux qui merdrent, Rabelais, Jarry. Tout y est déconcertant, carnavalesque et à rebours de l'esthétique actuelle. Rien de plus prenant que ce livre qui a le génie d'inventer une langue dont la force relègue à la casse les conventions narratives et qu'on se prend souvent à lire à mi-voix. »
Bref, la rencontre avec Christian Prigent, sa lecture à deux voix avec Vanda Benes s'annoncent comme l'un des temps forts des rendez-vous de la Médiathèque.